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[Pamphlet] Régal’s Dream

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Le Régal ! Toutes ces années à en rêver ! Le fameux, le scandale écrit rouge sur noir, comme du sang ! Pris dans les mailles de l’éloquence audiovisuelle du plus parfait des écrivains : Marc-Edouard Nabe. Depuis plus de vingt-cinq ans, il s’immisce, contamine, empoisonne épisodiquement les différents médias en bon virus. Il n’a peur de rien. Voyez un peu à la façon de Mickaël Vendetta, l’un propose le vide ; l’autre le plein, le tout : multidirectionnel, épineux, suave, pornographique, violent, pictural, musical, cérébral, religieux, primitif, sophistiqué, suicidaire, historique, politique, littéraire, artistique. L’épine dorsale de son œuvre : la vérité.

Une vérité subjective, bien cachée, qui reste à dire tout fort. Avant cela, l’artiste doit la trouver, il creuse, c’est son travail, à la recherche du trésor qui, une fois en surface, en éblouira plus d’un. Si par acharnement, il finit par tomber sur le magot et ses multiples pierres précieuses (la vérité peut prendre plusieurs formes), alors il y aura quelques jalousies au vu de ce fruit reluisant. On tentera de le piller, de saboter le processus concurrent pour qu’il ne puisse faire d’ombre au sien. Flaubert constatait lui-même: « Rien n’est humiliant comme de voir les sots réussir dans les entreprises où l’on échoue. » Heureusement, une poignée de connaisseurs, émue par la splendide trouvaille, sera à même de reconnaître le talent du pionnier.

Gustave poursuivait : « On peut juger de la beauté d’un livre, à la vigueur des coups de poings qu’il vous a donnés et à la longueur de temps qu’on met ensuite à en revenir. » Celui en question en aura donné des coups de poings, quant au temps qu’il a mis pour revenir, n’en parlons pas. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il abreuva les fantasmes grâce à l’émission où il fut présenté à la télévision. « Un grand moment de télé ! » Attention, pas comme le débat présidentiel, ni l’une de ces fanfaronnades alcoolisées hypes et je-m’en-foutistes. La raison en est simple : le discours tenu, la prestation scénique s’avère intégralement rattachée à l’œuvre ; à toute l’œuvre littéraire, depuis le début. On ne pourra jamais les dissocier. Il écrit en direct. Même quand Marc-Edouard Nabe quitte le plateau lors d’une première réédition du "Régal" en 2006, ce comportement s’intègre au processus créatif qui déboucha sur "L’Homme qui arrêta d’écrire", quatre ans plus tard.

Si ma bibliothèque ne reposait pas à 13 000 kilomètres de mon organisme, je vous aurais lu un passage… Il y en a un sur la littérature, peut-être le meilleur de tous ou alors, la rencontre avec Hélène mangeant ses fraises sur le quai. Si je me rappelle bien c’est dans celui-là, le chapitre « Béatrice enculée ». Il y a des grands thèmes, on peut piocher : la religion, ses parents, les femmes, le jazz. Avec des phrases, des paragraphes dits « racistes », « homophobes » qui sont simplement indispensables si l’on saisit le concept de l’ouvrage clairement exposé aux téléspectateurs des années 1980. C’est-à-dire, extraire du plus profond et glorifier le point de vue subjectif singulier de l’homme qui écrit. Évidemment, il se découvre beaucoup moins tolérant, beaucoup plus sectaire, tranchant, drôle, carrément haineux envers une époque qui, à l’inverse, reste en surface.

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"Au Régal des vermines" n’est qu’un fronton, l’enseigne de milliers de pages à explorer ; une « cathédrale » toujours en construction, dont on distingue déjà la silhouette qui s’élève dans les airs ; un chantier au sein duquel on patauge joyeusement. Certains diront : « Oui, c’est ça, plutôt tel Arbeit macht frei devant Auschwitz ! » Ils ne pensent qu’à ça. Ils remarqueront que sur la nouvelle couverture, le titre est découpé : pareil que la fameuse inscription lors d’une dérobade !

Ah ! Comme je ne regrette pas de ne pas avoir attendu jusque-là, de m’être ruiné sans compter pour obtenir mon régal, pour avaler tout le journal, le gros "Alain Zannini", "Lucette", "Je suis mort", "Le Bonheur" et les autres. Quel autre contemporain peut se vanter d’une telle hausse des prix et s’enorgueillir de contrefaçons ? Quel autre contemporain ne voit pas ses livres à 2, 3 euros d’occasion ? Le lecteur de Nabe fait attention à ses tomes, il n’en plie pas les pages ! Il paye cinq fois le prix neuf ! Pour l’assoiffé sans sous, chaque obtention est un roman à elle seule. Je me rappellerai toujours, le type du "Régal", un prof de fac, je lui avais versé plus de cent euros, mais il voulait encore économiser les frais de port, les garder pour lui : il l’a transporté en vélo… Seulement, sa carte ne lui avait pas signalé le dénivelé de 150 mètres ! Il est arrivé à ma porte suant comme un bœuf, soucieux à crever ; surement en retard, il guettait mon véhicule. « Gredin, je ne peux rien faire pour toi : j’ai de la lecture ! » Et commençais, hilare.

 

Igor


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